Phnom Penh le, 10 Janvier 2011
Bonjour à tous,
Me voilà de nouveau Phnom Penh depuis avant-hier (8 janvier) en début d’après midi. La nuit à Kampong Cham s’est bien passée et le lendemain matin comme prévu je me suis engagé sur cette petite route qui longe le Mékong. Le départ fut idyllique avec le Mékong comme fil d’Ariane devant me conduire jusqu’à la capitale. L’idylle fut de courte durée, juste le temps pour moi de savourer le lever du soleil sur les pêcheurs et leurs petites embarcations qui affrontent ce fleuve absolument gigantesque. En effet, après 3 heures de routes je n’avais parcouru que 35 kilomètres car c’est un chemin qui faisait office de route. Et sur ce type de chemin, 1 kilomètre en vaut 2. Au bout de 3 heures, à la hauteur du village de Kang Méas, j’ai donc décidé de quitter le majestueux Mékong pour rejoindre une route un peu plus carrossée. Malheureusement, je n’avais aucune autre alternative que de m’engager sur la nationale 6, que je voulais absolument éviter depuis mon départ de Battambang. Et bien comble du paradoxe, c’est par cette fameuse nationale 6 que je suis rentré à Phnom Penh. Comment qualifier les 80 derniers kilomètres ? Aller, je vais être sobre et je dirais qu’ils ont été pénibles (j’utilise ce mot car je sais que Jules lit les lettres infos, mais en fait c’est un autre mot qui me vient à l’esprit…). Pénible donc, non pas que je me sois senti en danger, même si j’ai laissé mon rétroviseur dans une furtive rencontre entre Kadovélojulo et un mini bus. Non cette route nationale 6 est pénible car elle est complètement saturée de camions, de bus et de toutes sortes de véhicules (avec et sans moteur). Sur cette route, tout le monde va vite, sauf moi. Et tout le monde conduit au klaxon, même moi. Sauf qu’avec le klaxon du vélo, je n’impressionnais personne. Bref, j’ai mis le nez dans le guidon et j’ai roulé le plus vite possible vers Phnom Penh. Je suis rentré dans la ville par le pont japonais, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est comme lorsqu’on arrive à Paris par l’autoroute du sud, à un moment on a une perspective magnifique sur Paris avec la Tour Eiffel, sa grande sœur de Montparnasse, les Invalides, etc... Rentrer dans Phnom Penh par le pont japonais et bien c’est pareil on enjambe le Tonlé Sap qui à cet endroit n’est pas un lac, mais une rivière affluent du Mékong et on voit toute la ville.
Voilà, maintenant la boucle est bouclée et malgré le raccourci fluvial entre Battambang et Siem Reap et le raccourci routier entre Siem Reap et Kompong Thma, j’ai parcouru 853 kilomètres (un tiers sans les bagages lors de mes jours de repos à Battambang et à Angkor). Je pense que j’ai dû laisser quelques kilos sur la route, notamment pendant la grande étape entre Kampong Chhang et Battambang, cette étape était vraiment trop longue (180 km) et c’est la seule fois où je me suis mis dans le « rouge ». Hier matin pour me remettre de cette entrée dans Phnom Penh un peu… pénible… je suis retourné à Oudong à 39 km de la capitale (78 km aller/retour) et globalement, je ne suis pas fatigué.
Avant de partir, je croyais connaitre ce pays et j’ai découvert mille choses, mille odeurs, mille visages, mille sourires. J’y ai découvert également beaucoup d’espoir et de foi en l’avenir malgré une histoire récente abominable qui a décimé plus de deux millions de personnes. Malgré cela, le Cambodge revit doucement grâce à ses ressources propres (et elles sont nombreuses), grâce également à l’aide internationale qui contribue à reconstruire le pays. Et enfin, grâce aux associations et ONG humanitaires fortement présentes pour permettre notamment aux enfants de croire en l’avenir et d’accéder aux droits fondamentaux que sont l’éducation et la santé notamment.
Il y a plein de choses que j’ai envie de retenir de ces 11 jours passés sur les routes du Cambodge, mais il est trop tôt pour faire un bilan. Avant-hier, en rentrant dans Phnom Penh, je me suis arrêté une vingtaine de minutes devant le musée national du Cambodge. A ce moment précis où je venais de boucler la boucle autour du Tonlé Sap, je me suis dis « ce n’est pas le point final ». Il ne s’agit pas de faire le tour du Tonlé Sap chaque année, ni de devenir un spécialiste de l’humanitaire. En revanche, je sais quelle partition je souhaite jouer pour aider à ma mesure ce pays et il y aura c’est certain d’autres projets pour le Cambodge. Avant de parler de bilan officiel qui nous permettra de vous rendre compte, avec l’association Enfants des Rizières, des actions réalisées grâce à vos dons et à vos contributions, je souhaite terminer cette lettre info N°7 par un merci. Un merci collectif pour votre formidable mobilisation et participation depuis 6 mois. Un merci également pour vos nombreux et chaleureux encouragements qui m’ont incontestablement aidé à pédaler. Enfin, un merci tout particulier à Enfants des Rizières, à sa Présidente Marie-Noëlle Guyot, au Conseil d’Administration et à Kean le responsable EdR au Cambodge, www.edr.asso.fr ainsi qu'à Total.
Merci à tous et à bientôt,
Jean-Philippe |