Association d'aide aux enfants du Sud-Est asiatique
 

Lettre d’info N°6 : de l’eau pour tous, une évidence.
Le tour du Tonlé Sap à vélo
Cambodge, Projets

07/01/2011
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Photo 150005_1_puits_Ta_Snae.jpg Dans le bus entre Kompong Thom et Phnom Penh le, 7 Janvier 2011

Bonjour à tous,

Imaginez l’espace de quelques instants que vous soyez obligé chaque jour de parcourir des kilomètres pour trouver de l’eau. Imaginez que là où vous vivez, pendant 4 à 5 mois de l’année il n’y a pas une seule goutte d’eau et que toutes les sources accessibles soient complètement asséchées. C’est la situation de nombreux villages situés dans la province nord de Siem Reap. Hier en l’espace de quelques instants, j’ai oublié la splendeur des temples d’Angkor et la richesse de la ville de Siem Reap et je suis revenu à la réalité de ce pays et à l’extrême pauvreté d’une majorité des Cambodgiens.
En effet, Pierre Gubri de l’ONG « l'eau pour tous » m’a conduit dans un village où l’ONG intervient et où seront implantés le ou les puits financés grâce à vos dons. Situé au nord-ouest de Siem Reap, le village de Ta Snae se trouve à environ 1h de voiture et pourtant plusieurs siècles séparent Ta Snae de la plus grande ville touristique du Cambodge. Le premier choc vient de l’accessibilité très difficile de Ta Snae. Après quelques kilomètres nous quittons la route goudronnée pour nous engager sur une piste. Dans un premier temps c’est plutôt amusant de faire du 4X4 sur ces pistes complètements défoncées. Mais très vite la dimension ludique de la promenade se transforme en véritable calvaire. Pierre m’explique que l’isolement et l’état des pistes pour accéder à ces villages sont une des difficultés importantes que l’ONG rencontre. A tel point que les autorités de la province n’y vont jamais. Le paradoxe de cette région très sèche, c’est que pendant la saison des pluies cette partie de la province est inaccessible en raison de l’eau qui inonde tout et pendant la saison sèche l’eau se retire en défonçant encore plus les pistes creusant de véritables cratères et  rendant tous ces villages accessibles à condition d’avoir une volonté de fer. C’est le cas de Pierre Gubri qui depuis des années œuvre pour que l’eau (besoin essentiel) ne soit pas un luxe mais une évidence. En 2010, l’ONG a installé 63 puits dans toute la région, c’est considérable quand on sait l’énorme travail que cela représente. L’ONG est financée grâce à des dons privés mais aussi via la participation d’institutions françaises et suisses telles que le syndicat des eaux d’Ile de France, Eau Seine Normandie ou l’HAMAP, etc… Après une bonne heure de route (enfin de pistes) nous sommes accueillis par le chef du village qui est très heureux de me montrer l’installation réalisée récemment par "l’eau pour tous". Pierre m’explique que la particularité de ces villages c’est d’être très étendus et que le projet de l’ONG pour le village de Ta Snae est d’installer encore au moins deux voire trois puits à différents endroits afin que les habitants ne soient pas obligés de parcourir plus d’un kilomètre pour aller chercher l’eau. Le chef du village nous conduit dans les différents endroits pressentis pour les futures installations de puits. Pierre dans le même temps m’explique les aspects techniques mais essentiels des installations qu’il met en place. Ainsi pour garantir l’accès à l’eau potable toute l’année, « l’eau pour tous » creuse de 40 à 80 mètres de profondeur. Ils vont chercher les nappes phréatiques très profondes afin de garantir la qualité et la quantité. Certains puits sont installés depuis plus de 15 ans et fonctionnent parfaitement bien et toute l’année. Je suis revenu du village de Ta Snae complètement convaincu et impressionné du travail que conduit Pierre Gubri et ses équipes, admiratif aussi.

De l’eau pour tous, une évidence. Une évidence, pour permettre à ces populations d’améliorer les conditions dans lesquelles elles vivent, les conditions dans lesquelles grandissent leurs enfants et comme partout au Cambodge à Ta Snae, il y a beaucoup d’enfants. Les enfants sont justement les premières victimes de ce non accès à l’eau. Au travers notamment des maladies comme la dysenterie, pathologie très répandue dans cette région. A ce sujet, Pierre m’expliquait hier, qu’après l’implantation d’un puits, l’ONG Médecin du monde ou les dispensaires observent à chaque fois une forte baisse des maladies et de la mortalité infantile dans le village où les puits sont installés. Après un tel moment ma motivation est multipliée par 10 au moins et je vais peut-être faire un deuxième tour du lac Tonlé Sap dans la foulée... Plus sérieusement, les puits financés grâce à vos dons seront installés dans ce village de Ta Snae. L’eau pour tous en concertation avec EdR va engager la réalisation rapidement.

Au moment où je vous écris ces quelques lignes, je suis dans le bus. En effet ce matin (vendredi 7 janvier) j’ai pris le bus avec Kadovélojulo afin d’éviter au maximum la nationale 6, mortellement célèbre. En effet, depuis que je suis arrivé à Siem Reap à chaque fois les personnes que je rencontre me demandent : "Where do you come ? Where are yo going ?" (d’où viens-tu ? Où vas-tu ?). Lorsque j’arrive au moment où j’explique par où je compte repartir, je vois leur visages changer (j’exagère à peine) ils me regardent soit avec air plein d’empathie, comme un fou ou un malade… Qu’ils soient Anglais, Français ou Cambodgiens, tous me disent qu’il ne faut pas passer par là à vélo.  J’ai donc profité de ces quelques jours à Siem Reap pour également trouver une autre route. Dans un premier temps, j’ai tenté de transformer mon vélo en pédalo afin de descendre le Tonlé Sap jusqu’à Phnom Penh, après tout le principe est le même… Mais je suis nettement moins bricoleur que les Cambodgiens, alors j’ai décidé de rester sur la route. J’ai pris le bus ce matin à 6h30 avec Kadovélojulo sur le toit cette fois, direction Kompong Thma à 36 kilomètres au sud de Kompong Thom soit environ 3h30 de bus. Le problème c’est que ça fait plus de 4 heures et qu’au moment où je vous écris je suis encore dans le bus. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé d’écrire sur un carnet à spirale (petit format) dans un bus bondé mais ce n’est pas simple. C’est un peu comme le 4X4 sur les pistes, les 10 premières minutes sont drôles, après… Ce bus doit me déposer à 157 kilomètres au nord de Phnom Penh. Ensuite, je remonte sur le vélo direction Kampong Cham par la route 71 pour environ 40 kilomètres. Après la nuit soit à Kampong Cham soit Troeung (je ne sais pas encore), je terminerai mon tour du Tonlé Sap par une petite route dont une bonne partie, le long du Mékong pour rejoindre Phnom Penh. Normalement, je dors à Phnom Penh le 8 janvier au soir. J’ai même le temps de faire une conclusion, car le bus est arrêté depuis 20 minutes, je ne sais pas où je suis exactement mais vu que personne ne bouge, je ne bouge pas non plus…

Pour conclure donc, je veux vous faire partager ma certitude que je reviendrai à Angkor et à Siem Reap comme je l’écrivais dans ma précédente lettre. Mais pas uniquement pour y voir les temples. C’est en effet là, à Ta Snae et aussi à Kampong Cham (l’école qui sera également bénéficiaire de vos dons) que se trouve l’essentiel de cette aventure que nous partageons depuis 6 mois. Le vélo, les photos, les vacances sont anecdotiques à coté de cette réalité. Une petite, mais essentielle, goutte d’eau que nous avons contribué à apporter à Ta Snae ensemble.


Merci à tous,

Jean-Philippe


PS quelques heures et quelques kilomètres après : Je suis enfin arrivé après 6h30 de bus et 2h30 de vélo. Ici il est 19h30. Je ne peux pas utiliser le petit ordinateur que j’ai avec moi et je viens de retranscrire les notes de mon carnet dans une petite « cyber boutique » très locale. Malheureusement je ne peux pas vous envoyer les photos du village de Ta Snae et cette lettre info N°6 est donc incomplète. Je vous envoie cela dans les prochains jours.

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Photo 150005_2 emplacement du futur puits.jpgLe chef et le sous chef du village nous montrent l’emplacement du futur

puits
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Photo 150005_2 enfant de Ta Snae.jpgEnfant de Ta Snae
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Photo 150005_3 Enfants de Ta Snae.jpgEnfants de Ta Snae
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