L'inauguration de la bibliothèque construite dans une école au Laos, grâce à la dotation de Total obtenue par l'un de nos adhérents, Alain Botrel, a eu lieu fin novembre 2007, en présence de deux adhérents edr : Anne Lemoine, vivant depuis peu au Laos, Jean-Philippe Brun (en voyage au Laos) et M. Sisaliao, initiateur du projet. Anne nous en fait un récit détaillé :
C'est fin novembre qu'a eu lieu l'inauguration en présence de deux adhérents edr : Anne Lemoine, vivant depuis peu au Laos, Jean-Philippe Brun (en voyage au Laos) et M. Sisaliao, initiateur du projet. Anne nous en fait un récit détaillé : « La saison des pluies est terminée. Pourtant, c’est sous une pluie battante que nous avons inauguré la bibliothèque de l’école du Ban Phontong Chommany, (école primaire du quartier Chommany, où pour mémoire, nous avons construit deux classes en 2004), qui devient ainsi la première école du Laos à bénéficier d’une bibliothèque ! Jean-Philippe et moi avons retrouvé M. Sisaliao, initiateur du projet de bibliothèque, à la boutique de Commerce Equitable « Farmer’s Products », dont il s’occupe activement, et il nous a emmenés à l’école pour 14 heures.
Une vingtaine d’élèves nous attendaient déjà dans la cour, en uniforme scolaire : pantalon noir et chemise blanche pour les garçons, sarong noir à bordure tissée et chemisier blanc pour les filles. La plupart portent un foulard rouge autour du cou, reconnaissance d’un élève méritant, aussi bien par ses résultats scolaires que son application et son comportement. Les enfants nous saluent avec beaucoup de respect, mains jointes, en inclinant la tête. Leur uniforme est impeccable, les cheveux parfaitement coiffés. Des enfants très attentifs La directrice de l’école arrive très vite, visage doux et souriant, puis les enseignants, et différentes personnalités importantes, ainsi que la directrice d’une maison d’édition, le poète qui a reçu le premier prix de littérature 2007, l’épouse de M. Sisaliao, elle-même botaniste et géologue, le chef de la police du quartier…
Tout le monde quitte ses chaussures pour pénétrer dans la bibliothèque, et nous nous installons : à la table d’honneur, la directrice de la bibliothèque nationale, le chef de village (une dame), le chef de district, moi-même, et M. Sisaliao, qui a la gentillesse de traduire les discours. Jean-Philippe est dans la salle et immortalise la cérémonie. L’assistance est attentive, et les enfants sérieux et parfaitement sages. Chaque personnalité prend la parole (en chaussettes !), expliquant le choix, les circonstances et la réalisation du projet. On nous expose les comptes, les plans,on nous montre la photo du Comité de surveillance des travaux, qui a parfaitement rempli son rôle, et chacun remercie très sincèrement tous les acteurs : Enfants des rizières, initiateur du projet et le groupe Total, grâce auxquels le bâtiment a pu être construit ; mobilier (étagères, tables et chaises) acheté. Il reste même un reliquat pour l’achat de livres… ce qui est tout de même le but final !!! Tout le monde est bien conscient de la chance qu’offre cette bibliothèque, et est déterminé à l’utiliser très régulièrement.
Elle sera un lieu de loisir, avec des livres plaisir, qui donneront aux élèves envie de lire, et aussi un centre où les plus âgés pourront trouver de la documentation sur les métiers qui s’offrent à eux. La directrice de la Maison d’édition offre un lot de livres, adaptés aux âges des enfants, des BD, des livres qui allient le lao et l’anglais, des livres sans illustrations pour les aînés. Elle suscite l’envie de lire en racontant aux enfants une partie de l’histoire, ils sont captivés… Le poète, qui a traduit certaines fables de La Fontaine en lao, a lui aussi a apporté des livres neufs, qui trouveront place sur les étagères…
La cérémonie du Basi
Puis a lieu la cérémonie de remise de diplômes encadrés, un destiné à Total, l’autre à Enfants des Rizières. Ils expriment la reconnaissance de l’école et du quartier pour cette bibliothèque. On profite d’une éclaircie pour faire des photos devant la bibliothèque, puis on rentre pour la cérémonie du « Basi ». Nous nous rassemblons à une extrémité de la table autour du « phakhuan », sorte de pièce montée végétale, décorée de fleurs (orchidées), de feuilles de bananiers pliées et de branches desquelles pendent des cordons de coton. Des bananes et des bonbons sont placés au pied du phakhuan, en offrande aux esprits présents. Chacun prend dans ses paumes réunies un cordon, tandis que l’un des participants (dont on m’explique qu’il a une expérience monacale) chante des litanies pour permettre à l’âme de rejoindre le corps. Les élèves sont trop nombreux pour recevoir un cordon, mais ils participent dans une attitude recueillie… A l’issue des psalmodies, tous les membres de l’assistance prennent un petit cordon blanc (plus d’une centaine ont été préparés) et les attachent à un poignet des invités d’honneur en récitant des voeux. On garde ces cordons au moins trois jours pour que les voeux se réalisent. Enfants des Rizières bénéficiera sans problème de tous ces voeux, car j’ai scrupuleusement conservé pendant trois jours les 35 cordons que j’avais reçus…(même sous la douche !)
Puis c’est l’heure des agapes : les enfants distribuent les bonbons qu’a apportés M. Sisaliao…. tandis que les adultes sont invités à boire du whisky à tour de rôle dans un petit verre. Il est 16 h 30, mon refus souriant est très bien admis, d’ailleurs les femmes présentes n’ont pas bu d’alcool, on insiste un peu plus auprès de Jean- Philippe, mais son refus est respecté très gentiment. En revanche, nous nous régalons des petites brochettes de gésiers de poulet… quand nous ne les trempons pas dans la sauce très épicée !!! L’ambiance recueillie se détend. Vers 17 h 30, nous quittons l’école après des adieux chaleureux.
Je serai heureuse de revenir et constater, j’espère, que cette bibliothèque fonctionne bien. J’ai confiance, car directrice et enseignants sont très impliqués. |